Woops ! [Pv : Harley Quinn]

Il était onze heures passées et Harley se retrouvait seule à l’appartement. Les filles étaient sorties pour un « casse » ce soir, mais l’arlequine n’avait pas voulu les accompagner. Pourquoi cela ? A cause d’une énième dispute à cause d’un sujet sans cesse évoqué qui ne manquait jamais de disperser la blonde et la rousse. Il s’agissait du Joker, évidemment. Cela finissait souvent de cette façon : Ivy partait répandre sa colère contre le clown tandis que Harley restait bouder à la planque. A pleurer ou bien à tenter de s’amuser malgré tout, pour honorer son bien aimé. Ce soir là était un jour de fun : l’arlequine avait passé quelques heures à regarder des cartoons à la télévision, à arroser et/ou nourrir les plantes de l’Empoisonneuse en leur chantant des comptines, à refaire son maquillage et par la même occasion faire des grimaces à son reflet dans le miroir etc. Elle aurait pu s’occuper de rangement l’appartement qui en avait drôlement besoin, mais ce n’était pas une activité drôle justement. Harley avait bien tenté de ranger le courrier mais elle avait vite commencé à découper des lettres dans le journal pour écrire un mot à Joker : « tU mE ManqUEs mR j ». Emplie de tristesse, elle avait laissé les papiers par terre, ainsi que sa cannette de soda à moitié pleine (ou à moitié vide, mais la pauvre Harley est une incorruptible optimiste) puis était allée s’effondrer sur son lit pour faire un somme. Elle s’endormit rapidement et se retrouva bientôt dans les airs à poursuivre une chauve-souris qui emmenait son amour loin d’elle.
Elle ne réussit malheureusement pas à le sauver des griffes de l’infâme animal : elle fut subitement réveillée par un bruit qu’elle connaissait bien. Teddy, la plante carnivore d’Ivy venait de faire claquer ses mâchoires. Il y avait un intrus dans l’appartement. Harley cessa de respirer une centaine de secondes pour ne pas faire de bruit, mais se rendit compte de l’absurdité de cette idée quand elle sentit ses poumons tenter de s’échapper de son thorax. Une autre idée lui vint en tête. Avec discrétion elle se dirigea vers son armoire et sortit son trésor d’une boîte à chaussures. Ce trésor était un six coups ayant appartenu au Joker, qu’elle avait enveloppé dans un caleçon d’homme, qui lui aussi avait appartenu au Joker. Elle caressa le tissu bariolé avant de déverrouiller son arme. Se rapprochant de la porte de sa chambre, elle tendit l’oreille : des bruits venaient de la cuisine. Alors, l’arlequine compta jusqu’à trois et défonça la porte de sa chambre dans un grand fracas. Elle se tourna alors, pistolet en avant vers l’intrus. Celui-ci était penché dans le réfrigérateur : elle vit que c’était un homme jeune et brun. Elle l’apostropha d’un air menaçant :

-Qui êtes-vous et que venez vous faire ici ???!!!

Harley fixait sa proie d’un œil vif et sérieux. Elle remarqua soudain qu’il tenait un sandwich à la main. C’était celui qu’elle avait fait dans la journée, mais il n’était pas réussi. Soudain, elle sentit un truc qui lui chatouillait l’oreille. C’était Teddy, sans doute heureux que quelqu’un intervienne. Elle le repoussa avant de reprendre :

-Lâchez ce sandwich ! Sincèrement, je ne vous le conseille pas, c’est moi qui l’ai fait et il vous achèverait aussi bien que le ferait le petit joujou que je tiens dans les mains …

Visiblement surpris par l’apparition fracassante de l’arlequine, l’intrus jeta un œil au sandwich. Sans doute n’avait-il pas remarqué jusqu’alors que celui-ci n’avait pas l’air extrêmement ragoutant. Ainsi, le laissa-t-il tomber. Il leva les mains en l’air et pria son agresseur de se calmer. Harley tira en l’air, non pour effrayer le jeune homme, mais plutôt Teddy la plante, dont les branches la démangeaient. La pauvre plante se résorba et partit « bouder » au fond de la pièce comme un toutou bien dressé. L’intrus resta impassible et tenta de s’expliquer. Il semblait véritablement désespéré, les talents pour la psychologie de Harley ne pouvaient le nier. Ce qui étonna le plus l’arlequine fut de savoir que la porte était ouverte : malgré les innombrables remontrances de sa colocataire Ivy, elle avait une fois de plus de verrouiller l’appart. Ca la foutait mal pour deux criminelles hors pair ! Harley s’insulta mentalement de tous les noms d’oiseaux qu’elle connaissait : heureusement, elle n’était pas ornithologue, cela dura seulement deux minutes. Toute sa colère envers l’intrus avait était happée par sa colère envers elle-même. Ainsi, elle baissa son arme et s’installa sur la table de la cuisine en soupirant. Levant les yeux vers le jeune homme, elle lui sortit :

-Bon bah… puisque tu es à côté du réfrigérateur, fais moi un sandwich à moi aussi …

L’arlequine lui fit un grand sourire. Après tout, Harley n’aimait pas vraiment rester seule. Un invité, même un intrus, c’était de la compagnie. Peut-être était-il un criminel en fuite ? Un collègue potentiel qui sait ? Il faut savoir s’entre-aider dans la vie ! La jeune femme s’étonna elle-même de sa capacité à passer d’une émotion extrême à une autre. Fixant toujours le jeune homme, elle répondit :

-Tu peux rester ici cette nuit. Mais je veux tout savoir de toi et de la raison pour laquelle tu es à la rue. Je ne te jugerai pas, je n’ai pas de domicile fixe non plus.